DIDEROT Denis (1713-1784)

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DIDEROT Denis (1713-1784)
L.A.S. «Diderot», [Sèvres décembre 1777, à Suzanne NECKER]; 3 pages in-4. Très belle et longue lettre à l'épouse du Contrôleur général des finances. [Suzanne Curchod (1737-1794) avait épousé Jaques Necker, qui était devenu Contrôleur général des finances en juin 1777; elle est la mère de Germaine de Staël.] «C'est moi. Je ne suis pas mort; et quand je serois mort, je crois que les plaintes des malheureux remueroient mes cendres au fond du tombeau. Voici une lettre d'un homme qui n'est pas trop personnel, et qui sera toute pleine de Je. Je jouis d'une santé meilleure qu'on ne l'a à mon age; toutes les passions qui tourmentent, m'ont laissé, en s'en allant, une fureur d'étude telle que je l'éprouvois à trente ans. J'ai une femme honnete que j'aime et à qui je suis cher, car qui grondera-t-elle, quand je n'y serai plus ? S'il y eut jamais un pere heureux dans ses enfants, c'est moi. J'ai tout juste la fortune qu'il me faut, tant que j'aurai des yeux pour me passer de bougie, et ma femme, des jambes pour monter et descendre d'un quatrieme etage. Mes amis ont pour moi et j'ai pour eux une tendresse que trente ans d'habitude ont laissée dans toute sa fraicheur. Hebien, direz-vous, avec tout cela, que manque-t-il donc à votre bonheur ? ce qu'il y manque ? ou une ame insensible ou le coffre fort d'un roi, et d'un roi dont les affaires ne soient pas derangées. Avec une ame insensible ou je n'entendrois pas la plainte de celui qui souffre, ou je ne soufrirois pas en l'entendant; avec le coffre fort, je lui jetterois de l'or à poignée, et j'en ferois un reconnoissant ou un ingrat, à sa discretion. Mais faute de ces deux ressources, ma vie est pleine d'amertume. Je donne tout ce que j'ai aux indigents de toute espèce qui s'adressent à moi, argent, tems, idées; mais je suis si pauvre relativement à la masse de l'indigence, qu'après avoir tout donné la veille, il ne me reste rien pour le lendemain, que la douleur de mon impuissance». Après ce «long pre
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