Van DONGEN Kees (1877 - 1968)

Lot 295
Go to lot
Estimation :
2500 - 3000 EUR
Van DONGEN Kees (1877 - 1968)
6 L.A.S. «Kiki», Monza, Milan puis Paris mai-juillet 1925, à Jasmy VAN DONGEN à Paris, puis à Château-l'Évêque (Dordogne) et Bordeaux ; 5 pages in-4 et 6 pages in-8, plusieurs à en-tête et une avec petite vignette aux chevaux, 4 enveloppes. Correspondance à sa femme Jasmy, illustrée de deux dessins. [Léa Jacob, dite JASMY († 1950), peintre, styliste et décoratrice, importante figure mondaine de la mode et des arts, fut la compagne de Van Dongen de 1916 à leur divorce en 1927. Elle s'installe avec lui 29 Villa Saïd, puis en 1921 dans l'hôtel particulier du 5 rue Juliette-Lamber (XVIIe), acheté au nom de Jasmy.] Les premiers courriers sont écrits depuis l'Italie : Monza, où des tableaux de Van Dongen sont exposés à l'occasion de la Biennale des Arts Décoratifs, puis Milan. Une lettre est ornée d'un double dessin à la plume. [Monza] Jeudi 30 [avril], en-tête de la IIa Mostra Internazionale delle Arte Decorative. Il est bien arrivé à la Villa Reale de Monza, «un vaste couvent sonnant le creux»... L'exposition n'ouvrira que le 10 mai. Sa salle est prête mais ses oeuvres ne sont pas encore arrivées. «Monza serait bien si tu y étais pour faire remuer tout cela et y dépenser beaucoup de lires pour l'arranger»... Milan vendredi [1er mai]. Il attend ses caisses qui sont à la douane... Il s'est promené dans Milan : «Ils en font un potin les italianos si tu les entendais gueuler les journaux dans la rue tu t'amuserais et tu gueulerais comme eux»... Il a failli lui acheter des poussins pour le Louvard mais ne peut les garder à l'hôtel. L'exposition ouvrira plus tard que prévu, le 14. Il rentrera à Paris dès qu'il aura accroché ses peintures : «je suis sage je suis comme un commis-voyageur sans bagout. Je vais voir de la peinture faut-il que je sois désoeuvré»... Milan Samedi 2 mai. Il s'ennuie et le temps est à la pluie : «Il n'y a rien à faire ici et comme à Venise il doit faire aussi mauvais qu'ici je reviens vivement à Paname»... Il n'a croisé aucune connaissance. «Il n'y a du reste pas une seule poule baisable ici tu peux donc compter sur ma fidélité. Ensuite la vie est chère et sans charme»... [Paris] mardi matin [juillet ?]. Il doit se faire photographier dans son costume de plage pour une revue : «C'est quelque fois ennuyeux d'être beau et élégant mais enfin - noblesse oblige. Rien de neuf ici il pleut comme vache qui pisse je m'installe dans mes vacances, mais suis obligé de travailler quand même, tandis qu'il y a des gens qui jouent aux châ­telains. C'est dégoutant»... Ce mercredi [9 juillet]. «Tu dois bien t'amuser. Quant à ton écureuil il tourne en rond il tourne en bourique car il pensait avoir quelques beaux jours de belles vacances et il a dû mettre son petit chandail tellement il fait froid et pluvieux. Il est toujours enrhumé et se soigne au porto. [...] J'ai commencé un portrait de NAZIMOVA. Encore un chef d'oeuvre je ne sais pas ce que j'ai mais je ne fais rien de médiocre tout ce que je fais est épatant»... Il aurait aimé la rejoindre à Château-l'Évêque, en Dordogne, «mais c'est très difficile pour moi» ; il doit gérer ses affaires... Il a eu sa première séance de pose très amusante avec Nazimova : «Elle est maquillée comme pour le cinéma et toute différente qu'en civil»... Il termine la lettre avec un dessin [rectangle blanc avec une petite pipe] : «Voici un dessin de moi dans mon lit. Si tu ne vois rien c'est qu'il y a plein de fumée dans la chambre»... La dernière page est toute remplie par deux dessins à l'encre bleue : dans la partie supérieure Château-l'Évêque, un beau château fleuri ; dans le bas, «Paris», une foule de parapluies sous les nuages et la pluie. Dimanche [12 juillet] (au dos d'une lettre de Mme J. Réquin qui veut orga­niser chez les Van Dongen un bal pour une fête de charité). Jasmy est à Bordeaux, il espère qu'elle y a beau temps... «Les bals musettes s'installent aux carrefours et le peuple danse. Je travaille. On m'a demandé quand le REMBRANDT sera terminé et on m'a envoyé les dessins de Venise porte des eaux à colorier [Paul Leclère, Venise seuil des eaux, La Cité des Livres, 1925]. J'aimerais mieux être avec toi mais il faut que je travaille car on va augmenter le prix du gaz et de l'eau et comme tu aimes barbotter dans l'eau chaude il faut que je tache de gagner beaucoup d'argent pour payer tout ce luxe inutile. [...] Ne te laisse pas conter fleurettes par les bordelais et ne vas pas au bordel. [...] je t'embrasse où tu veux et même où tu ne veux pas»... On joint une coupure de presse relatant «Le dernier lundi de Van Dongen». PROVENANCE Archives de Jasmy Van Dongen (Ader 17 décembre 2013, n° 296).
My orders
Sale information
Sales conditions
Return to catalogue