APOLLINAIRE Guillaume (1880-1918)

Lot 7
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5000 - 6000 EUR
APOLLINAIRE Guillaume (1880-1918)
Lettre autographe signée adressée à une amie depuis le front S.l., 26 octobre 1915. 4 pages in-12 à l'encre (tête effrangée). Belle lettre du Front. «Il est vrai aussi que je ne m'ennuie pas mais que je m'embête. Ainsi font les gens trop riches, ils ne s'ennuyent pas puisqu'ils ont des distractions en masse et cependant ils s'embêtent car le temps s'écoule avec monotonie et que rien ne laisse prévoir un changement. Je ne m'ennuye pas ayant mille distractions dont commander le tir de ma pièce n'est pas la moindre et tout ce que la guerre réserve d'imprévu. On s'embête tout de même puisqu'on n'est pas libre, qu'on n'a plus rien à lire, qu'on n'est jamais seul. Subtilité ? Sans doute ! Mais la subtilité est le grand domaine scientifique et intellectuel qui s'ouvre à l'homme en ces temps glorieux [...]». Il évoque la censure qui a frappé un article de sa Vie anecdotique : «c'est que sans doute, le censeur y a droit à cette croix pour avoir bien manié en service commandé l'arme si dangereuse des ciseaux avec quoi la Parque tranche la vie dans la zone des armées comme ailleurs. Pour le demeurant on attend sans hâte 1919 ou quelque chose d'approchant. J'ai fait un poème à l'Italie qui doit paraître dans la Voce où je dis Les mois ne sont pas longs ni les jours ni les nuits C'est la guerre qui est longue Cela exprime bien à mon sens ce que l'on éprouve sur le Front. On aura la consolation, je veux croire de pouvoir chanter ensuite comme dans le joli conte de Serpentin vert, Les plaisirs sont charmants Que seront-ils, suivent les peines Les plaisirs sont charmants Après de longs tourments [...]».
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