COCTEAU Jean (1889-1963)

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COCTEAU Jean (1889-1963)
Environ 57 lettres autographes signées et cartes postales, et 9 télégrammes, [1910-1937], à Marie SCHEIKÉVITCH ; 73 pages formats divers, nombreuses enveloppes et adresses ; plus quelques lettres et documents annexes ; le tout monté sur feuillets de papier vergé et relié en un volume in-folio. Demi-chagrin havane (G. Gauché). Reliure un peu frottée. Très belle correspondance tendre, presque amoureuse, de Cocteau à sa «fi ancée» qui fut aussi l'égérie de Marcel Proust. Marie Scheikévitch (1882-1964) fut pour Cocteau, comme elle le fut pour Proust, une amie et une protectrice ; elle joua un rôle important, de par ses relations mondaines, pour faire connaître les premières oeuvres poétiques de Cocteau, et l'introduire dans le monde littéraire. Cocteau semble avoir été très épris de cette belle femme, mondaine, intelligente et très cultivée. À partir de 1913, les relations vont peu à peu se distendre, sans cesser tout à fait. Cocteau signe ses lettres de son nom, de son prénom, puis «Jean Coq» ou «Coq», et s'adresse à sa «grande amie» avec des tendres noms : «Marie», «Edwige», «Chérie», «Chère fi ancée», «Machinka chérie», etc. La correspondance commence en 1910. [Maisons-Laffi tte 10 octobre 1910], évoquant Nijinski et Diaghilev, Reynaldo HAHN pour qui Cocteau va écrire le livret du ballet Le Dieu bleu, et d'Annunzio : «Le jeune ballerin russe et son cornac sont dans vos murs. Je crois que nous allons travailler pour eux avec Reynaldo. Ils ne comptent plus sur l'enfant de volupté chauve dont les promesses sont vagues. Que de soirs en perspective où l'on verra la dame de neige [Marie Scheikévitch] avec sa couronne de victoire, fichtrement pas mutilée !» ... 1911. [Avril]. Ayant été malade, Cocteau séjourne au Cap-Martin avec sa mère : «Le bleu sublime, le bruit chaud de la mer répandu comme un silence, les souvenirs mythologiques m'exhaltent et me détendent à la fois. Je pense à vous sans cesse et plus qu'à tout autre. Avec quelle bonté vous vous êtes penchée sur moi au moment où j'avais besoin d'une “Irène”, comme vous êtes simple, jolie, spontanée, douce et profonde» ... - «Je pense et repense à vous. Vous êtes plus dans ma pauvre vie que vous ne semblez croire et notre petit pacte m'évite bien des sottises à faire et me console de bien des sottises faites» ... - «Liebe Kleine, Reine etc... J'envie votre radium et votre ail. Les Parisiens se contaminent les uns les autres et font des échanges de bacilles. Cette piscine de laboratoire est irrespirable ; seules quelques dames ointes de graisse d'oie résistent et nagent. [...] Je manque d'oxygène !» ... En mai-juin, Marie Scheikévitch est partie à Londres, et Cocteau se plaint d'être sans nouvelles : «C'est encore une tristesse ajoutée aux mille tristesses qui me détraquent sournoisement le caractère» ... 28 juillet, alors que la «grande amie» est en villégiature à Évian : «Je sors d'un travail intense et c'est la raison pourquoi je ne vous ai pas fait le moindre signe. Mes parenthèses de travail sont gonfl ées de sottise et de mauvaise humeur ! Quelle atmosphère ! On y remue des membres électriques et lents comme en pleine eau tiède et je reste là, malheureuse pile pensante qui se dit “on va toucher mon fi l d'un autre fi l ! ô mains inconséquentes du hasard ! et je vais bondir, éclater, fondre !”» ... 17 août, il supplie «Machinka chérie» d'obtenir un article de Jules Lemaitre sur La Danse de Sophocle, après un article «monstrueux» de Guy de Lubersac : «Je pleure ! Je pleure !» ...12 septembre, il remercie «Séléné la blanche» d'avoir parlé de lui à «Séléné la brune» [Anna de Noailles] : «je vous remercie d'avoir parlé de moi et de mes vers à cette admirable personne mal instruite par des gardiens jaloux. [...] J'ai rebesoin de vos conseils, de votre calme, de votre appui, de votre coeur. Mon sale égoïsme vous appelle. Je suis bien seul malgré maman et j'envoie au-devant de vous mon aff ection inaltérable» ... 1er novembre : «Vous êtes après maman la personne que j'aime respecte et admire le plus au monde» ... [23 novembre], après une représentation de Lucrèce Borgia par Sarah Bernhardt : «Sarah si monstrueuse et si sublime, cette oeuvre immense et ridicule, ces décors hideux et grandioses, forment un ensemble bouleversant. [...] Sarah, saluant à la fin, m'a produit l'impression de Dieu après le 7e jour. C'est ce qui se peut voir de plus haut dans “l'inférieur genre théâtral”. Du reste le mélodrame de style noble et d'intérêt indiscutable me semble être la forme la plus parfaite de ce qui doit se jouer sur une scène» ... 1912. En mars, cartes postales du séjour de Cocteau en Algérie. En juin, il presse Marie d'intervenir auprès de Calmette pour obtenir une note dans Le Figaro, «indispensable pour pousser les grosses dames indolentes et littéraires» ... En août, amusantes nouvelles mondaines de Paris... Septembre, visite aux Rostand à Arnaga : «Maurice porte une bouse de vache frisée en équilibre su
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