COCTEAU Jean (1889-1963)

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COCTEAU Jean (1889-1963)
Portrait de Paul Éluard, dessin original et manuscrit autographe signé Jean COCTEAU, [vers 1942] ; mine de plomb, 15 x 9 cm, sur un feuillet in-4 écrit recto-verso. Étonnant portrait de Paul Éluard, avec un brouillon de lettre au maréchal Pétain. Le portrait de Paul éLUARD, en buste de face, est dessiné à la mine de plomb sur une moitié de la page ; en regard, un autre petit dessin original (15 x 1 cm, à la mine de plomb), représentant un profi l masculin prolongé vers le bas par un trait ondé orné de points, est tracé en marge d'un brouillon au crayon de lettre au maréchal PÉTAIN, où Cocteau proteste contre l'interdiction de sa pièce Renaud et Armide, reçue le 19 janvier 1942 par le comité de lecture de la Comédie-Française puis refusée le 21 janvier par l'administrateur Jean-Louis Vaudoyer sur ordre du secrétaire d'État Jérôme Carcopino. «Il n'y a que 2 attitudes possibles dans la vie. Le héros militaire ou le saint. Napoléon est perdu par un traître. Le traître fait le chef. [...] Dans notre domaine la sainteté ne donne que des ennuis, comme de juste. Car la ligne droite est incompréhensible au méandre [...] Quelquefois je me réveille la nuit et je me demande pourquoi on m'accable sous d'incroyables injustices. [...] C'est le prix d'être propre». Au verso, une version plus longue de la lettre, signée, avec ratures et corrections, est écrite à l'encre : «Mais la presse que vous connaissez et qui s'acharne à dresser les Français les uns contre les autres s'est empressée d'agir cette fois en silence. Sans doute mal renseigné par elle, Mr CARCOPINO, le lendemain de la décision du Comité, dit à Mr Vaudoyer, l'administrateur, que je n'étais pas un auteur désirable à la Comédie-Française. C'était inadmissible pour moi, pour les lettres, pour la Comédie-Française où ma Voix humaine se trouve au répertoire et qui depuis des mois me priait d'écrire cette oeuvre et en suivait la marche. C'est donc en mon nom et au nom des comédiens que je demande justice. [...] C'est mon honneur que je dois défendre et celui d'une maison qui devrait être inattaquable et qui se trouve, elle aussi, couverte d'insultes, par cette même presse qui me pourchasse et ose vous critiquer. Mr le Maréchal, ma seule politique est de vous suivre et de faire acte de foi en ce qui vous concerne. Ne m'étant jamais occupé de politique, je n'en saurais suivre d'autre. Croyant en vous, c'est à vous que je m'adresse. Je n'ignore pas que votre lourde charge vous empêche de jeter les yeux sur de tels problèmes - mais j'ai une confi ance aveugle en votre justice et je ne peux croire que l'honneur d'un écrivain qui a porté la gloire de la France dans tous les pays, vous laisse indiff érent» ... Exposition Jean Cocteau, sur le fi l du siècle (Centre Georges Pompidou, 2003, n° 231). PROVENANCE Pierre et Franca Belfond.
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