SAND George (1804-1876)

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SAND George (1804-1876)
Lettre autographe signée à Ernest FEYDEAU, datée Nohant 16 août [18]59 ; 4 pages in-12. Belle lettre littéraire. Elle donne son avis sur un ouvrage de son correspondant : «... je ne blâme que ce qui s'aperçoit trop, que ce qui révèle le procédé. Ne touchez pas aux passages dont vous me parlez, ils sont excellents...». Suit ce développement très intéressant sur le réalisme : «Ce n'est pas un malheur pour vous, pas plus que pour Flaubert, d'appartenir à la race des voyants. On s'est mêlé de baptiser votre manière et la sienne de réalisme. Je ne sais pas pourquoi ; à moins que le réalisme ne soit tout autre chose que ce que les premiers adeptes ont tenté de nous expliquer. Je soupçonne, en eff et, qu'il y a une manière d'envisager la réalité des choses et des êtres, qui est un grand progrès, et vous en apportez la preuve triomphante. Mais le nom de réalisme ne convient pas, parce que l'art est une interprétation multiple, infi nie. C'est l'artiste qui crée le réel en lui-même, son réel à lui, et pas celui d'un autre. Deux peintres font le portrait de la même personne. Tous deux font une oeuvre qui représente la personne, si ce sont deux maîtres. Et pourtant les deux peintures ne se ressemblent pas. Qu'est devenue la réalité ?». Elle revient à ses remarques : «...Je n'insiste que sur la mimique trop répétée, trop précisée et qui fatigue un peu. Sur ce point-là, je crois qu'il faut me croire, parce que je suis un lecteur charmé, un lecteur ami s'il en fut, et que je n'ai pas de système qui m'aveugle...». Puis son correspondant l'ayant interrogée sur elle-même, elle en parle de façon charmante : «Je suis bien d'âge à être votre mère car j'ai 55 ans, et j'ai de bonnes mains bien adroites, mais pas belles du tout. J'ai acquis le droit de n'être plus coquette, on m'a fait un assez grand reproche de ne l'avoir jamais été. Je vous dirai de moi tout ce que vous voudrez. Confi dences : Je n'ai pas de secrets, et j'en aurais que j'aimerais à vous les dires. Elle et lui est un roman bien vraisemblable. Je pourrais vous en montrer les preuves qui ne manquent pas d'intérêt...». Elle n'ira pas à Paris, mais espère bien le recevoir chez elle : «il faudra venir avec Flaubert qui a aussi en moi un lecteur enchanté et un ami littéraire de tout coeur. Je ne le savais pas votre ami, et je suis contente qu'il le soit.» Correspondance, éd. G. Lubin, t. XV, n°8346. Reprise in Lettres d'une vie, éd. Th. Bodin, Folio Classique, 2004. Ernest Feydeau (1821-1873), romancier appartenant à l'école réaliste. Il publie en 1858, Fanny, un roman qui suscitera de violentes protestations dans les milieux bourgeois mais obtiendra l'admiration de Flaubert et Sand, deux amis proches. Il est le père de Georges Feydeau.
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