GÉRICAULT Théodore (1791-1824).

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GÉRICAULT Théodore (1791-1824).
L.A., «Lundy lorsque je croyais être à samedy» [fin d'été 1822 ?], à Mme TROUILLARD, rue de Richelieu n° 398 à Paris; 3 pages in-8, adresse (trou par bris de cachet avec perte de quelques lettres, et petites fentes aux plis). Lettre coquine à sa maîtresse, alors que Géricault est alité à la suite d'une chute de cheval. «Je n'ai reçu que ce matin votre lettre de jeudy elle m'annonce votre retour, et certes vous ne douterez pas du plaisir qu'il me fait quoique je n'aye point été au-devant de vous, mais le moyen, je vous le demande, quand on n'a presque plus qu'une jambe et qu'au lieu d'être en poste on est tout ridiculement étendu dans son lit, et encore dans mon lit n'est pas le mot, car je suis dans celui de mon ami Dorcy, qui a bien voulu me donner l'hospitalité n'ayant pour le moment ni feu ni lieu. Ceci vous expliquera peut-être bien des petites choses qui ont du vous choquer en vous donnant de moi une assez singulière idée. Enfin le juif errant n'a pas plus erré que moi depuis que vous m'avez quitté. Aujourd'hui jour fortuné j'ai reçu mille jolies choses, j'ai bien baisé la petite boîte blanche et ce qu'elle contenait est-ce encore du dégout de la haine ? Folle ! Je vous aime trop pour ce que vous méritez - et surtout pour mon état car de vous savoir si près de moi sans pouvoir vous embrasser vous serrer bien etroitement, vous devez être toute fraîche, toute sortant de la mer comme Vénus enfin et mille petits amours sont revenus avec vous. Quand je vous disais qu'il ne me restait qu'une jambe c'est bien à tort car j'en ai une qui pourrait bien en faire trois tant elle a pris un accroissement bizarre. J'ai vu votre ami Dupuitrin [DUPUYTREN] qui voulait le premier jour me faire une opération pour la rétablir, mais le second jour il ne l'a plus jugée convenable il a préféré d'attendre pour voir ce que pourrait faire la nature et j'attends et il attend et vous attendez aussi n'est-ce pas mon cher amour ? Croyez-vous m'avoir été bien fidèle car on peut fort bien envoyer des huîtres et des pastilles du sérail etc. etc. Cette possibilité-là m'inquiète. Écrivez-moi donc par la poste quelle est votre opinion là-dessus vous me rassurerez peut-être après cela cependant je ne sais pas bien jusqu'à quel point j'aurais le droit de me plaindre je suis bien vieux, bien infirme bien peu propre à, voyez-vous bien mon amie je sais aussi me mettre à ma place. Adieu mon ange, je suis assuré de vous occuper encore longtems si, comme vous le dites vous ne voulez-vous éloigner de moi que quand une fois vous me verrez sain, vigoureux [et c]ontent. Je n'ai encore rien de tout [cela] mais rabattez quelque chose car je ne puis désirer de vous perdre et cependant j'ai grand besoin au moins de ma jambe»... Il donne son adresse: «Rue Taitbout n° 9 chez Mr Dorcy Dedreux» [le peintre Pierre-Joseph Dedreux-Dorcy (1789-1874), entre les bras de qui il mourra.]
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