PICABIA FRANCIS (1879-1953).

Lot 193
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PICABIA FRANCIS (1879-1953).
MANUSCRIT autographe signé, Anus Ennazus, 7 août 1946; cahier petit in-4 (22 x 17,5 cm) de 25 feuillets, sous couverture cartonnée rouge avec titre autographe. Première version du poème Ennazus. Écrit à l'encre noire au recto de feuillets d'un cahier de papier quadrillé à petits carreaux, ce manuscrit est signé et daté en fin: «Francis Picabia / Rubingen 7 août 1946». Picabia a composé ce recueil de poèmes, longtemps resté inédit, pen­dant des vacances en Suisse, à Rubingen, dans la famille de sa femme Olga; ces textes sont le reflet des relations amoureuses tumultueuses de Picabia avec sa maîtresse Suzanne Romain (Ennazus est le renverse­ment de Suzanne) [sur cette liaison, voir Carole Boulbès, Picabia avec Nietzsche. Lettres d'amour à Suzanne Romain (1944-1948), Les Presses du réel, 2010]. Picabia en a établi un dactylogramme fautif, intitulé Ennazus, adressé en novembre 1946 à Christine Boumeester, et qui fut publié en annexe des Lettres à Christine (Gérard Lebovici, 1988, p. 201- 246), avant d'être recueilli dans les Écrits critiques (Mémoire du Livre, 2005, p. 625-671). Ce manuscrit en donne une version antérieure, avec d'importantes variantes. [1] Titre: «francispicabia/- / anus/ énnazus/ - / préface/ du/ poèteignoré/ = / poèmes». [2-3] Préface, signée en fin: «Le poëte ignoré», dans une version diffé­rente du texte publié: «Francis Picabia est toujours resté lui-même au milieu des écrivains et des peintres - Tout ce qui touche à son coeur, à son indépendance se heurte, depuis son enfance avec les hommes, il est en conflit en lutte avec le monde - Ses adversaires ne désarment pas; chacun d'eux épiant ses faiblesses. Et pourtant c'est son chemin depuis des années qui nous conduit à l'affranchissement»... Citons encore la conclusion: «Le problème qui se pose maintenant est celui-ci: à supposer que Francis Picabia ne causât pas le moindre préjudice à personne, je devrais néanmoins déployer tout mon zèle à le combattre. / Pourquoi ? / Parce que je suis plein d'absurde moralité, et que je dois m'opposer à tout ce qui peut la blesser». [4-24] Prose poétique, sans titre, que vient interrompre à sept reprises un refrain de cinq vers: «Au fond du jardin une grille ouverte des traces de papillons sans laisser de traces montent vers le ciel». Cette prose correspond, avec d'importantes variantes, au poème Derniers jours et à la première moitié d'Adieu (Écrits critiques, p. 629-662); le texte sera alors découpé et présenté en vers libres. Citons le début (avec quelques fautes d'orthographe): «Toi, qui a plongée tes yeux jusqu'au fond de mon coeur, tu pourras dire comment ton si grand amour, qui était, notre vérité, t'est devenu inutil. Ce sacrifice de l'amante lorsqu'elle abandonne père et mère, brave tout et supporte tout, les privations les plus dures pour atteindre son but, te sont devenues étrangères, et cela parce que tous tes efforts ont été uniquement pour toi. Égoïsme épanoui, borné, tes passions jusqu'au jour où tu m'as rencontré ont été mesquines, misérables, unilatéral. / Celle qui vit pour un grand amour, pour une mission sublime, ne doit se laisser effleurer par aucune médio­crité, elle doit se dépouiller de tout intérêt matériel»... Le texte s'achève ainsi: «À moins qu'on ne puisse se figurer que le sujet de son amour ne soit qu'un rêve, une illusion. Il nous est permis de juger, mais il faut juger avec amour, car il fait le fond de nos pensées et de notre idéal. / [Refrain, avec le vers final modifié:] descendent vers le ciel: / pour voir le cercle magique de celui et de celle qui ont compris qu'il n'y a jamais ni commencement ni fin». Suivent la signature et la date. [25] Deux aphorismes terminent le cahier. «Je suis un mauvais garnement comme la règle et la loi de toute doctrine chrétienne, dans l'histoire du monde. C'est moi qui incarne maintenant la divinité de l'homme sans salu. / -/ Le meilleur chanteur du monde n'a pas de bouche: c'est ce que j'ai de plus moderne à vous présenter». PROVENANCE Francis Picabia. Une collection (Ader, 13 décembre 2012, n° 65).
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