PISSARRO Camille (1830-1903).

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PISSARRO Camille (1830-1903).
L.A.S. «C. Pissarro» avec DESSIN, Éragny-sur-Epte [2e quinzaine de mai 1885], à Paul GAUGUIN; 9 pages in-8. Magnifique et longue lettre de Pissarro à Gauguin, illustrée d'un dessin à la plume, chronique de la vie artistique parisienne, et conseils du maître à l'élève. [C'est une des rares lettres de Pissarro à Gauguin subsistant encore, et demeurée en partie inédite; si l'on connaît une cinquantaine de lettres de Gauguin à Pissarro, les lettres de ce dernier ne furent pas préservées, à quelques exceptions près, dont celle-ci. Pissarro n'avait eu de cesse de favoriser les jeunes talents comme Cézanne, Guillaumin et Vignon rassemblés autour de lui à Pontoise. C'est grâce à Pissarro que Gauguin s'orienta vers la peinture en 1874, commençant à collectionner et à peindre. Une relation de maître à élève puis d'amitié s'instaura entre eux, et, en 1881, Gauguin passa l'été à peindre à Pontoise avec Pissarro et Cézanne. En 1882-1883, Gauguin, ayant perdu son emploi d'agent de change en raison de la crise, choisit d'assumer sa vocation de peintre; il suivit alors les traces de Pissarro à Rouen, subvenant à ses besoins tant bien que mal en vendant des assurances-vie. À bout de ressources, il partit vivre un an à Copenhague avec sa famille, tandis que Pissarro s'installait à Éragny-sur-Epte, d'où il informe Gauguin sur la vie artistique.] «La plus importante nouvelle est la réception de Claude MONET à l'ex­position internationale chez [Georges] Petit. Après bien du tirage, Petit a forcé les portes, voilà Monet arrivé - et je n'ai pu aller à Paris pour l'inau­guration qui a eu lieu le 14 c[ouran]t, mais par ouï-dire c'est un très grand succès d'artiste et de vente, paraît-il. Petit est donc aujourd'hui d'accord avec DURAND-RUEL pour faciliter aux impressionnistes leur accès aux grands amateurs. Je suis très heureux pour Monet et pour nous tous en général. J'ai été aussi très heureux d'apprendre que CAZIN a beaucoup usé de son influence auprès de grands confrères pour la réception de Monet... Il paraîtrait qu'avant d'inviter Monet on avait prié DEGAS d'en être lequel a refusé énergiquement !... Il faut cependant aboutir d'une façon ou d'une autre. Enfin nous verrons ce qui en ressortira par la suite». Puis il parle de l'exposition d'Adolf MENZEL, «composée de quelques toiles et de beaucoup de dessins. Comme vous devez le penser, je me suis empressé d'y courir, aiguillonné par la curiosité et l'envie de connaître la nature de ce talent qui nous avait paru si peu sympathique. Eh bien non ! À quelques dessins près, qui sont faits avec une grande habileté mais sans style ni souffle, tout est médiocre, la peinture est grotesque et terre à terre, désagréable et faux, quelques lithographies sont très bien mais froides: non ce n'est pas un Daumier, ni un Degas, ni un Delacroix... J'ai vu GUILLAUMIN qui travaille toujours et fait des choses superbes, j'en ai vu chez Portier d'une vigueur, d'une sauvagerie superbe». Pissarro fait alors un dessin à la plume (7,5 x 7,5 cm) du tableau de Gau­guin Rouen, l'église Saint-Ouen (1884), et commente: «Votre tableau, la vue d'une église à Rouen, par temps gris, est très bien. C'est encore un peu terne. Les verts ne sont pas assez lumineux. Je suis sûr que vous aurez beaucoup changé au Danemark. Seul et livré à vous-même vous trouverez quelque chose de nouveau». Puis il revient à la chronique de la vie artistique. «Rien à l'exposition annuelle de remarquable excepté PUVIS DE CHAVANNES qui a envoyé un délicieux petit tableau plein de fraîcheur et de poésie [L'Automne], et WHISTLER qui est représenté par deux portraits superbes de ton, celui de Duret symphonie en noir et rose, et une grande dame anglaise d'une élégance exquise [Lady Archibald Campbell, et Portrait de Théodore Duret]. - Je n'ai rien vu autre, si, il y a un SARGENT des jeunes filles américaines qui sont très bien malheureusement il n'est pas débarrassé de ses fonds à la Carolus [The Misses Vickers]. - En paysage rien, rien !... C'est une dégringolade... J'oubliai de signaler aux gravures sur bois, un artiste américain qui a fait des choses exquises de finesse et d'art, c'est très bien... ils vont bien ces américains qu'on blaguait ! Gare là-des­sous !......... Quant à la gravure sur bois française oh là là !....... Il y en a un qui est fort c'est un nommé Boulanger, mais il grave des Lhermitte au lieu de graver son propre dessin. Exposition des Refusés aux Tuileries, je n'y suis pas allé, il y a des hor­reurs, on y trouve des SERRET superbes, comment ont-ils pu refuser cet artiste délicat, si fin, si naïf ? c'est un comble...... Que la p.. peinture de mes compatriotes les Danois doit vous paraître cocasse !! C'est telle­ment engourdie !... Je me rappellerai toujours à l'exposition universelle ces paravents de cheminée si tristes et minutieux, prenez garde de vous effrayer de votre vigueur par comparaison !...» Mme Latouche [épouse du peintre et marchand de couleurs] demande sans cesse l'adresse de Gaug
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