BEAUVOIR Simone de (1908-1986).

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BEAUVOIR Simone de (1908-1986).
MANUSCRIT autographe (et pour partie en dactylographie corrigée) signé « S. de Beauvoir », Les Mandarins, [1949-1953] ; 956 feuillets in-4 (27 x 21 cm), dont environ 300 dactylographiés, montés sur onglets, reliés en 2 volumes maroquin rouge janséniste, doublure bord à bord et gardes de veau crème, tranches dorées sur témoins, chemise et étui (Pierre-Lucien Martin, avec sa facture jointe). Précieux manuscrit de travail cette œuvre majeure de Simone de Beauvoir, qui reçut le Prix Goncourt 1954 . Les Mandarins parurent chez Gallimard le 21 octobre 1954 ; Simone de Beauvoir y travaillait depuis 1950. « Dans ce roman, dédié à Nelson Algren, elle a mis énormément d'elle. Plus que par aucun autre, elle a connu par lui les aff res et les bonheurs soulevants de l'écriture. C'est une évocation des espoirs et des illusions perdues d'un groupe d'intellectuels français après la guerre de 1939-1945, entrecroisant histoire collective et destins individuels. Deux protagonistes se détachent sur la toile de fond : Anne, psychanalyste mariée à Robert Dubreuilh, écrivain célèbre très engagé à gauche, et Henri Perron, écrivain et journaliste. La romancière s'est projetée à la fois dans ses deux héros - Anne incarnant son côté nocturne, tragique, le point de vue de l'absolu et de la mort, Henri son amour de la vie, le côté diurne, solaire, actif. Anne vit un amour passionné et douloureux avec un écrivain américain, Henri rompt diffi cilement avec une maîtresse qu'il n'aime plus. Ébranlés par l'eff ritement de la fraternité issue de la Résistance, par la découverte des camps de travail soviétiques, par la montée de la guerre froide, ils perdent et reprennent espoir en un avenir meilleur. Dans ce contexte s'inscrit une intrigue fourmillante et complexe - voyages, amours, amitiés, érotisme, confl its, brouilles, rivalités, vengeances, réconciliations -, sous-tendue par une interrogation sur nos raisons d'être. Le succès est considérable : quarante mille exemplaires vendus en un mois » (Sylvie Lebon de Beauvoir), et le Prix Goncourt. Le manuscrit, principalement sur papier quadrillé écrit recto-verso à l'encre bleu-noir, présente d'innombrables ratures et corrections, avec quelques versos biff és de deux traits croisés ; il intègre des feuillets dactylographiés avec d'abondantes additions, suppressions et corrections autographes, et fut remis à un dactylographe (voir, par exemple, les instructions au f. 684, et des mots illisibles soulignés au crayon rouge par le dactylographe) ; le tapuscrit qui en résulta fi t probablement l'objet, lui aussi, de modifi cations avant d'être remis à Gallimard, en janvier 1954. À la Noël 1954, Simone de Beauvoir off rit le manuscrit au poète Monny de Boully (1904-1968) et sa compagne Paulette Grobermann (1902-1995), mère de Claude Lanzmann, devenu le compagnon de Simone de Beauvoir lors de l'écriture des Mandarins. La lecture de l'œuvre d'après le manuscrit d'environ 1500 feuillets était alors quasi impossible, car les feuillets suivaient un autre ordre, compliqué par quelque 400 feuillets de doublons et brouillons préparatoires, qui en furent ensuite ôtés (ils sont maintenant à la BnF). D'ailleurs, Beauvoir avait paginé son manuscrit, dans le coin supérieur droit, mais de nombreux feuillets portent aussi une foliotation plus ancienne, centrée en haut du recto. En 1956, l'écrivain Léon Aréga, à qui Monny de Boully avait confi é la collation de ce manuscrit, le reclassa dans l'ordre du texte publié, et le refoliota à l'encre fuchsia, de 1 à 956 ; s'y intercalent, après une présentation dactylographiée par Aréga de son travail, des notes d'Aréga, signalant des lacunes et des disparités textuelles. Cette reconstitution du document permet une étude fouillée du travail de l'auteur. Ainsi on découvre que le feuillet 27 dans la numérotation d'Aréga, primitivement « 551 - Anne », de la main de Beauvoir, porte une nouvelle pagination de l'auteur : « 1 », témoignant que son auteur a pensé, un moment, à commencer Les Mandarins ainsi : « Non, ce n'est pas aujourd'hui que je connaîtrai ma mort ; ni aujourd'hui ni aucun jour ; pour que je la raconte il s'en faudra de tout l'infi ni d'un instant. Je serai morte pour les autres sans jamais m'être vue mourir »... Ces lignes devinrent, fi nalement, l'introduction du chapitre I, ii. Par ailleurs, les phrases liminaires du roman se trouvent sur un feuillet folioté « 552 » par Beauvoir, puis paginé « 51 » par elle-même, et enfi n refolioté « 1 » par Aréga. On peut relever une rédaction diff érente de celle publiée dès la deuxième phrase : « Henri jeta un dernier regard sur le ciel : un cristal noir. Mille avions saccageant ce silence, c'était impossible à imaginer ; une vignette stupide s'entêtait au fond de ses yeux : contre la carte des Pays Bas, un soldat vert de gris ; mais les mots se carambolaient dans sa tête avec un bruit joyeux : off ensive stoppée, débâcle allemande, c'est la fi n, une vraie fête de Noël »... De nomb
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