CIORAN Emil M. (1911-1995).

Lot 31
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CIORAN Emil M. (1911-1995).
MANUSCRIT autographe, L'erreur de naître [De l'inconvénient d'être né] ; environ 350 pages in-4 dans 5 cahiers à spirale (27 x 21 cm), numérotés I à V. Première version de son grand livre De l'inconvénient d'être né (Gallimard, 1973). Sur cinq cahiers à spirale de la Librairie-papeterie Joseph Gibert, Cioran a rédigé son ouvrage au stylo bille bleu sur le recto des feuillets, paginés de 1 à 329 ; il a, à plus de trente reprises, porté des additions ou des corrections sur des versos. Sur la couverture du premier cahier, il a noté au crayon le premier titre alors envisagé : L'erreur de naître, avec le sous-titre Interjections encadré ; la couverture du cahier IV porte le titre Fluctuation. Le manuscrit porte de très nombreuses et importantes corrections, parfois au stylo-bille rouge ; parfois une nouvelle version d'une pensée est notée sur un béquet collé sur la version primitive, parfois même des pages entières. Le cahier I, rouge, est paginé 1 (feuille volante) et 3-70 (avec additions sur 14 versos) ; le cahier II, vert, est paginé 71-140 (avec additions sur 8 versos, et découpures aux p. 131 et 139) ; le cahier III, bleu, est paginé 141-188 et 191-195, plus 12 feuillets non numérotés ou paginés 1-8 (avec additions sur 10 versos) ; le cahier IV, vert, est paginé 211-179 (avec 2 pages chiffrées 228, et petites additions au verso de 2 pages) ; le cahier V, rouge, est paginé 280-329 (additions au verso de 3 pages). Ce manuscrit de travail, qui paraît même parfois de premier jet, est un premier état de ce qui deviendra, après élaboration et reclassement, De l'inconvénient d'être né. On trouve là, dans un ordre qui n'est pas encore celui du livre, quantité de pensées et d'aphorismes, dans une version primitive, souvent surchargée de corrections. Ainsi en tête de la page 3, on peut lire les deux premiers aphorismes de la section II, très corrigés, puis biffés ; suivent deux autres pensées non reprises. La page 4 commence par un aphorisme biffé : « Chacun croit que ce qu'il fait est important. Sauf moi ; aussi ne puis-je rien faire ». Suit une intéressante réflexion rayée par une croix : « Ma forme de cafard est, disons, “slave”. Dieu sait de quelle steppe sont venus mes ancêtres ? J'ai, comme un poison, le souvenir héréditaire de l'illimité. De plus, à l'égal des Sarmates, je suis un individu douteux, incertain, suspect, d'une duplicité d'autant plus grave qu'elle est désintéressée. Des milliers et des milliers d'esclaves clament en moi leurs défaites et leurs humiliations contradictoires ». Suivent deux autres aphorismes. En haut de la page 5, on peut lire la première version de la troisième pensée de la section II du livre : « Plus on possède de vertus, moins on avance. Elles sont du reste incompatibles ; plus elles sont vives, réelles, plus elles se combattent et se neutralisent. Elles sont jalouses. Alors que les vices, indulgents les uns à l'égard des autres, donc plus humains, plus féconds. Ainsi s'explique la nullité et la stagnation des gens honorables » ; après des corrections, Cioran a biffé cette pensée, et a inscrit sur la page en regard une nouvelle version, proche de la version définitive. Citons encore le début de l'avant-dernière pensée de la section IV du livre, que Cioran a supprimé par la suite (ici p. 93) : « En 1940, pendant la “drôle de guerre”, j'avais pris l'habitude de rentrer très tard. J'habitais un hôtel près de Cluny. Une nuit, une vieille putain aux cheveux blancs me demanda de faire quelques pas avec elle, car elle craignait une rafle. La nuit d'après je la rencontrai à nouveau. par la suite, vers trois heures du matin, moment où je rentrais, elle me guettait et nous discutions de choses et d'autres souvent jusqu'à l'arrivée du jour. Nos rencontres finirent avec le couvre-feu qui suivit l'entrée des Allemands à Paris »... Sur certaines pages, Cioran a noté des renvois à d’autres pages de ce manuscrit, pour apporter un premier classement et un meilleur enchaînement dans ses pensées. Certaines pensées sont biffées, en bleu ou en rouge ; d’autres sont entourées ; d’autres marquées en marge d’une croix, ou de plusieurs S inversés. Une grande partie de ces cahiers semble être restée inédite. Certains passages, non retenus dans De l’inconvénient d’être né, seront repris plus tard, comme, dans Écartèlement, ce récit d’une promenade dans le Paris matinal de novembre, dont nous citons le début (p. 94) : « Paris se réveille. En ce mois de novembre, avant six heures du matin, j’entends, avenue de l’Observatoire, un oiseau – un seul – s’essayant au chant. Je m’arrête, je me sens indiciblement heureux dans une telle compagnie. Soudain, des grognements dans le voisinage »… La fin du troisième cahier a servi à élaborer le beau texte sur Henri Michaux, Michaux ou la passion de l’exhaustif, qui sera recueilli dans les Exerc
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