CÉLINE Louis-Ferdinand (1894-1961).

Lot 25
Aller au lot
Estimation :
150000 - 200000 EUR
CÉLINE Louis-Ferdinand (1894-1961).
228 L.A.S. « LF Céline » ou « Destouches » (3 non signées), 1949-1961, à Roger NIMIER ; environ 350 pages formats divers, la plupart in-4 ou in-fol., quelques-unes à son en-tête Dr L.-F. Destouches, nombreuses enveloppes. Importante et remarquable correspondance, témoignage de l'exceptionnelle complicité littéraire entre Céline et le jeune Hussard, qui sera son éditeur chez Gallimard. [Jeune auteur, Roger NIMIER (1925-1962) envoya à Céline son roman Les Épées avec cette dédicace : « Au maréchal des logis Destouches, qui paie aujourd'hui trente ans de génie et de liberté, respectueusement, le cavalier de 2e classe Roger Nimier, février 1949 ». En février 1950, il lui envoya encore Le Hussard bleu et, en mars de la même année, lui consacra un article dans La Table ronde. Conduit chez Céline à Meudon par Marcel Aymé, il devint un familier de Céline et de sa femme Lucette. Devenu conseiller littéraire aux éditions Gallimard en décembre 1956, Roger Nimier réussit dès 1957 le lancement de D'un château l'autre, et servit dès lors de truchement entre le romancier et Gaston Gallimard jusqu'à la mort de Céline. Nimier joua un rôle capital dans la redécouverte de Céline par le grand public. Cette correspondance de Céline à Roger Nimier a été publiée dans les Lettres à la N.R.F., par les soins de Pascal Fouché (Gallimard, 1991), à l'exception des 25 premières (antérieures à l'entrée de Nimier chez Gallimard, alors qu'il collaborait aux revues Arts, Carrefour et Femina), restées inédites. Trois lettres sont illustrées de petits croquis par Céline ; six ont été écrites par Céline au dos de lettres signées de Roger Nimier. La première lettre date du 14 février 1949, de Korsør au Danemark, en réponse à une proposition d'aide de Nimier : « Mais comment agir sans me nuire ? C'est difficile. Impossible. Tout est comédie tragique en ce monde et j'ai le rôle de bouc qui pue - de bête horriblement nuisible. C'est un problème de Vènerie et d'Hystérie collective. Il faut que l'Hystérie, éternelle, désigne d'autres bêtes puantes, plus intéressantes, excitantes. [...] Le rôle n'est pas agréable bien sûr, je m'y suis fourré, je le regrette bien. [...] J'aimerais mieux rigoler. Je suis gai naturellement, j'aime bien les ballets, les danseuses. Toute cette Grandguignolerie, Petioterie me parait invention du Diable. Mais le Diable ne me lâche pas ! »... 24 février : « Je ne sais pas si c'est ma “liberté» ”ou mon “génie” qui m'ont fourré dans l'état où je me trouve mais ça doit être plutôt à mon sens ma connerie ! Moins con je ne serais jamais tombé si bas ! Je vois bien d'autres génies qui s'en tirent à merveille ! Malraux, Giono ! Gide ! Duhamel, des centaines ! Et pourris d'honneur ! Vous êtes vous-même “génial” je le vois, foutre ! [...] Ce cynisme jovial bon enfant c'est le génie du jour ! »... 13 janvier 1950 : « Oh Sartre je lui ferais une rente s'il n'était pas devenu si riche et moi si pauvre juste pour sa phrase des Temps nouveaux ! Pensez que je lui en veux pas ! ah loin ! Cette belle franchise de haine moucharde mais c'est très rare médicalement parlant ! cette forme “ouverte”... Mais c'est à montrer aux “étudiants” ! [...] Je poursuis la lecture de votre livre... c'est un labeur, c'est terrible de travail, et c'est réussi. Je n'ai malheureusement pas votre subtilité proustienne. Je ne vous suis plus dans l'analyse. En médecine j'en suis féru, pas en lettres. Mais seulement la chanson m'enchante. Je suis populeux. Je veux pas avoir l'air intelligent et je le suis pas [...] Si ça chante, ça va, et merde ! »... 15 octobre : « Ah mais vous me faites joliment plaisir en m'envoyant votre hussard [Le Hussard bleu]. Je marre dès la première page et à la vingtième j'arrête plus ! Voilà un roman comme j'aime, le direct et savant quand même oh subtil habile roublard... sensible [...] Je dirais : vous avez du génie si y en avait pas tellement d'autres, qui disent et que c'est faux et qu'on les croit ! [...] Allez pas croire que Casse Pipe c'était seulement ce prélude, diantre il y avait 600 pages ! Mes Épurateurs ont tout foutu aux ruisseaux - plein la Butte... le milieu, la fin, le plus beau, le sublime ! Une bite ! l'impression qui me reste, l'Abélard ! Châtré de l'œuvre ! »... 1er novembre : « Ah admirable votre hussard ! Une lecture harassante de cocasserie, de finesse et foutre de génie puisque je saisis votre rythme, enthousiasmant. En médecin j'observe des différences essentielles entre ce temps, et le vieux mien (1912 !) [...] le mien au 12e Cuirassiers - absolument breton - ah pas proustiens du tout - même pas se sensualité élémentaire - 5 ans j'en ai fait paix et guerre ! Je sais ce que je cause ! Ils ne bandaient pas, pour ainsi dire jamais, et quels ploucs ! spécialement recrutés en ce temps pour les grèves parisiennes, qui étaient chaudes ! Une petite érection vers la cantinière... vague, à peine, tristes gens, mystiques. Je les ai vu foncer dans la mort - sans ciller, les 800, comme un seul homm
Mes ordres d'achat
Informations sur la vente
Conditions de vente
Retourner au catalogue