CHATEAUBRIAND François-René de (1768-1848).

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CHATEAUBRIAND François-René de (1768-1848).
80 L.A. (la plupart signées d'un paraphe) et une L.S., 1824- 1826, à Cordélia GREFFULHE, comtesse de CASTELLANE ; 179 pages in-4 et 57 pages in-8, montées sur onglets, et reliées en un volume percaline noire gaufrée, dos lisse avec filets à froids et nom de l'auteur en lettre dorées (reliure XIXe s. ; charnière sup. fendue ; réparation à la dernière lettre). Précieuse et très belle correspondance de Chateaubriand à celle qui fut son grand amour. Cordélia Greffulhe (1796-1847), fille d'un banquier anobli par la Restauration, avait épousé en 1813 le futur maréchal de Castellane. Elle tint au 57 de la rue du Faubourg-Saint-Honoré un salon très fréquenté où se retrouvèrent Mérimée, Molé (qui fut un temps son amant), Thiers, Béranger, Arago, Villemain. En 1823, elle devint la maîtresse de Chateaubriand, alors ministre des Affaires étrangères. Pour elle, il délaissa Juliette Récamier qui, blessée, partit alors pour Rome oublier son amant volage. Après son renvoi du ministère en 1824, cette passion évolua en une amitié tendre, attestée par cette abondante correspondance, pleine d'une grande affection, lorsque les amants sont séparés. Dans les premières lettres, il est souvent question de « l'abbé », substitut voilé de l'amant, qui attend avec impatience des nouvelles. Quand Cordélia de Castellane part pour l'Italie, Chateaubriand la suit par la pensée, avec le souvenir nostalgique des lieux qu'il a aimés, et lui relate, dans de longues lettres, qui sont comme un journal (certaines lettres couvrant plusieurs jours), les moindres incidents de sa vie quotidienne, entre ses deux chattes, et ses démarches pour se rapprocher de sa femme, qui, outrée du traitement infligé à son mari, et lassée de ses infidélités, s'est réfugiée en Suisse, à Neuchâtel. Il parle également de ses combats politiques à la Chambre des pairs, dans l'opposition, en faveur des libertés ; de son travail d'écrivain, alors qu'il prépare pour Ladvocat (avec qui il négocie un traité pour se mettre à l'abri du besoin) l'édition de ses Œuvres complètes, et rédige les Mémoires d'outre-tombe ; de ses graves difficultés financières, qui vont l'obliger à l'exil, et de l'Infirmerie Marie-Thérèse ; de ses autres dames de cœur, Juliette Récamier ou la duchesse de Duras. Cordélia donnera ses traits à la maîtresse du duc de Guise, Marcelle de Castellane, dans la Vie de Rancé. La plupart des lettres portent en tête, à l'encre, les lieux et dates de réception de la main de la destinataire ; elles sont signées d'un simple C barré, d'un « Ch » ou d'une croix. Une lettre est dictée à son secrétaire, Hyacinthe Pilorge, pour cause de rhumatisme (7 juin 1826). La copie postérieure d'un poème a été jointe à la lettre du 3 janvier 1826. Quelques passages ont été biffés postérieurement au crayon, pour la publication en 1925-1927, et sont restés inédits ; de même, la plupart des noms indiqués par une initiale ont été complétés au crayon, La première des lettres, datée du 7 juin 1824 est un billet qui annonce : « Je ne suis plus ministre. Je vous verrai toujours à deux heures. » La dernière lettre est datée du 21 juillet 1826. Ces longues lettres sont exceptionnelles, comme Chateaubriand lui- même l'indique (24-27décembre 1825) : « Je ne me reconnais plus en voyant ces longues lettres que je vous écris ; moi, qui n'ai jamais écrit plus d'une douzaine de lignes dans ma vie à mes amis ». Nous ne pouvons en donner ici qu'un rapide aperçu. 1824 (10 lettres). En septembre, Chateaubriand évoque la mort de Louis XVIII, qui l'afflige, « parce que j'aimais le roi quand même, et que je lui reconnaissais plusieurs qualités d'un grand souverain » ; sa brochure Le roi est mort : Vive le roi !, et il enrage contre « cette impolitique et abominable censure » (14 sept.). Il assiste à « la translation des restes du feu roi » à Saint-Denis (24 sept.). Il évoque son combat politique : « Ma loyauté ne désarmera ni les basses jalousies ni l'injustice, et il faudra bien que je réclame encore les libertés publiques, qu'on ne nous rendra pas, comme je viens d'appeler tous les Français autour du trône. Si les divisions continuent, cela ne sera pas ma faute, et j'ai assez prouvé que je sais oublier les offenses quand il s'agit de l'intérêt du Roi et de l'État » (25 sept.). Il refuse la pension de 12 000 francs de ministre d'État qu'on lui propose : « Je ne puis être l'obligé de MM, de Corbière et Villèle ni me taire quand les libertés publiques sont attaquées ; mais en même temps cette signature de Charles X me faisait une peine mortelle à repousser » ; il déplore l'attitude de sa femme : « elle ne veut plus ni reprendre l'infirmerie, ni revenir. Elle me dit toujours que je suis une dupe, que ma sotte loyauté n'est plus de ce temps, et que ce que j'ai de mieux à faire, c'est d'aller la rejoindre et de quitter des méchants ou des ingrats. Elle est d'ailleurs fort souffrante. Je crains bien d'être obligé de faire encore une course à Neuchatel » (26 sept.). Il refuserait également un
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