GANCE Abel (1889-1981).

Lot 38
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Estimation :
12000 - 15000 EUR
GANCE Abel (1889-1981).
Environ 300 L.A.S., 1954-1979, à Nelly KAPLAN ; environ 400 pages formats divers, la plupart in-4, au stylo à bille rouge, bleu, plus rarement au crayon, de différents formats souvent in-4. Importante correspondance amoureuse et artistique du cinéaste à Nelly Kaplan, qui fut sa maîtresse et sa collaboratrice. Correspondance amoureuse et passionnée, voire érotique, souvent dévorée par la jalousie, elle est aussi évocatrice du travail du cinéaste avec celle qui fut sa Muse dans ses dernières années. C’est en 1954, lors d’une réception en hommage à Georges Méliès qu’Henri Langlois, directeur de la Cinémathèque, présente Nelly Kaplan à Abel Gance ; la beauté de la jeune femme éblouit le vieux cinéaste dont elle deviendra l’assistante ; à ses côtés, elle se passionne pour la Polyvision. Elle l’assiste dans le tournage de La Tour de Nesle (1954, où elle tient un petit rôle sous le pseudonyme de Nelly Dominique). Elle l’assiste également pour le projet de Magirama (1956) et dans le scénario et le tournage d’Austerlitz (1960). Le 19 décembre 1956, au Studio 28, le Magirama concrétise les recherches du génial cinéaste sur la Polyvision (dont Nelly Kaplan écrira le Manifeste). Composé avec Nelly Kaplan, le dispositif comprend quatre courts métrages : Auprès de ma blonde, Châteaux de nuages, Fête foraine, et le dessin animé Begone Dull Care de Norman MacLaren, ainsi qu’une version d’une heure du J’accuse ! de 1937 en polyvision. Conçu pour « sauver le cinéma qui se meurt », Magirama quitte l’affiche au bout de huit semaines. En 1959-1960, Nelly Kaplan publie sous le pseudonyme de Belen des nouvelles érotiques sous forme de plaquettes à tirage limité : La Géométrie dans les spasmes, Délivrez nous du mâle, Le Réservoir des sens... Son premier court métrage est consacré au peintre Gustave Moreau (1961) ; plus tard, en 1969, elle réalisera La Fiancée du pirate. Nous ne pouvons donner ici qu’un bref aperçu de cette abondante correspondance (accompagnée de petits papiers de NK datant ou résumant les lettres), adressée à « Mon Phénix enflammé », « Mon étoile australe », « Mon SCygne », « Ma fontaine d’Aréthuse », « Diamant noir », « Cygne noir », « Ma chère Source », « Amanelly », « Ma magicienne étoilée », « Ma chère petite sirène », « Mon cher petit Hamlet féminin », etc. Des pages couvertes de « Je t’aime », dont une répartie en « Polyvision »où se mêlent tous le éléments du blason féminin (15 août 1955). On relève aussi une note ancienne sur les « Essais-inventions Ab. Gance à faire en 1928 » : « Projeter avec triptyque : une bande avec écran bleu », une avec écran rouge, une avec écran jaune « superposées. On doit avoir ainsi la COULEUR et le RELIEF »… Ainsi qu’une liste de brevets (de 1926 à 1954) : Pictographe, Protérama, perspective sonore, etc. ; des extraits recopiés par Gance de son livre Prisme ; des poèmes : « Princesse aux yeux couleur d’abeille »… (23 mars 1957) ; quelques dessins sur des nappes de restaurant…. 1954. Août. Jalousie après un dîner de NK avec Michel Boisrond (assistant dans La Tour de Nesle) : « Travaille. Soigne ta santé. Couche toi tôt. Respire. […] Ne te laisse pas envahir par les sens »… 9 septembre (après une scène terrible avec Mme Gance qui veut faire expulser de France NK), il la rassure : « Courage. Persévérance. Élévation. Optimisme. Je suis malade de dépression nerveuse et cependant je réagis ». Septembre : jugement du caractère de NK : « passivité et indolence, dues à ses origines argentines » ; récriminations ; il cite Nietzsche ; il ne fera pas de raccords avec NK sur La Tour de Nesle… En octobre, NK, se considérant comme trahie, s’enfuit seule à Juanles-Pins, Gance s’inquiète (9 octobre) : « Travailles-tu au Cinéma de l’Avenir ? Tu me parais bien silencieuse sur la direction nouvelle de tes idées. La flèche de l’enthousiasme fait-elle boomerang ? En vérité je te reconnais mal depuis que le sel te lave de nos nuits. Es-tu descendue du train ? Me laisses-tu seule à poser les rails parce qu’il y a eu un heurt ? Où est ton visage ? Où est ta vraie force ? Ma naïveté t’interroge mon Cygne adorable. Chaque silence de toit est un aveu d’éloignement ». Il commente la Lyrosophie de Jean EPSTEIN, puis revient à ses jalousies… 18 octobre : « Le feu s’éteignait lorsque le CSygne pour la seconde fois est entré dans ma vie. Ton haleine de grand oiseau solitaire s’est complu à souffler sur la cendre chaude que le vent s’apprêtait à disperser, et la flamme s’est rallumée plus brillante qu’elle ne le fut jamais. Les embrassements d’un monde meilleur dans les embrasements de demain : c’est à toi que je le devrai ». Ailleurs, au milieu d’obsessions érotiques, il s’écrie : « Aide-moi à me retrouver ». Il est ébloui par la beauté physique de NK, mais son psychisme lui échappe ; et cela le déstabilise… 15 novembre : « Pourquoi n’es-tu pas plus libre et plus indécente avec moi ? […] Je sens que tu n’as pas confiance dans ce que je t’ai dit une fois pour toutes, que loin
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