FLAUBERT Gustave (1821-1880).

Lot 93
Aller au lot
Estimation :
250000 - 300000 EUR
Résultats avec frais
Résultat : 143 000EUR
FLAUBERT Gustave (1821-1880).
MANUSCRIT autographe, Novembre ; 1 f. de titre et 191 pages sur 96 feuillets in-fol. (env. 32 x 20,5 cm), montés sur onglets, en un volume relié maroquin brun, plats encadrés d’un jeu de filets dorés et d’un listel de maroquin gris, dos à cinq nerfs ornés d’un filet doré, encadrement des caissons à l’identique des plats, doublures de maroquin gris encadrées de maroquin brun et d’un filet doré, gardes de moire brune, contregardes de papier caillouté, coupes filetées (René Aussourd). Manuscrit complet de ce texte romanesque et en partie autobiographique, où s’affirme déjà, à vingt ans, le grand écrivain. La rédaction de Novembre, de 1840 à octobre 1842, a été entreprise après la rédaction des Mémoires d’un fou, dont il est le prolongement dans la transposition romanesque de l’autobiographie. Après l’aventure amoureuse des quinze ans, Flaubert met en scène l’éveil de la sexualité chez l’adolescent de dix-huit ans, tout juste sorti du collège, dont les souvenirs occupent les premières pages. « Le sujet est la perte du pucelage d’un jeune homme avec une putain idéale. Il y a dans le jeune homme beaucoup de Flaubert, désespérances, aspirations, mélancolie, misanthropie, haine des masses », écrivent les Goncourt dans leur Journal alors que Flaubert leur a lu « son premier roman » (1er novembre 1863). Pendant la rédaction de Novembre, Flaubert en parle à son ancien professeur Gourgaud-Dugazon comme d’une « ratatouille sentimentale et amoureuse […] L’action y est nulle. Je ne saurais vous en donner une analyse, puisque ce ne sont qu’analyses et dissections psychologiques » (janvier 1842). Malgré les dérisions de Flaubert, on ne peut qu’approuver le jugement de Maurice Bardèche : « Novembre est assurément la plus élaborée des œuvres de jeunesse de Flaubert ». Le narrateur commence par évoquer, par une soirée d’automne qui donne son titre au récit, ses souvenirs de collège, les illusions et les aspirations de sa jeunesse jusqu’au dessèchement le plus complet de son cœur, dans la tonalité froide de la fin d’automne. « J’aime l’automne, cette triste saison va bien aux souvenirs. Quand les arbres n’ont plus de feuilles, quand le ciel conserve encore au crépuscule la teinte rousse qui dore l’herbe fanée, il est doux de regarder s’éteindre tout ce qui naguère brûlait encore en vous. » La trajectoire de son âme suit cette courbe descendante : « Autant j’avais eu d’exaltations et de rayonnements, autant je me renfermai et roulai sur moi-même. Depuis longtemps déjà j’ai séché mon cœur, rien de nouveau n’y entre plus, il est vide comme les tombeaux où les morts sont pourris. » Puis le narrateur raconte longuement sa découverte de l’amour et de la sexualité à travers la rencontre avec Marie, personnage paradoxal de prostituée qui lui fait connaître non seulement la chair mais l’amour sous sa plus haute forme, avant de disparaître brusquement. Flaubert s’inspire ici de sa liaison d’une nuit avec Eulalie Foucaud, la tenancière de l’hôtel Richelieu à Marseille en 1840, mais aussi de ses visites au bordel. Marie tient aussi de Mme Schlesinger, amour platonique du jeune Flaubert à Trouville. Après la confession et la disparition de Marie (« je ne l’ai plus revue », comme Flaubert n’a plus revu Eulalie), le narrateur se laisse entraîner dans une rêverie et des visions exotiques pour tenter d’échapper à la perte de l’aimée et à son ennui. Une brusque rupture introduit alors un nouveau narrateur qui commente avec sévérité et ironie le manuscrit qu’on vient de lire, et conte la triste fin du premier narrateur : « C’était un homme qui donnait dans le faux, dans l’amphigourique et faisait grand abus d’épithètes. […] Enfin, au mois de décembre dernier, il mourut, mais lentement, petit à petit, par la seule force de la pensée, sans qu’aucun organe fût malade, comme on meurt de tristesse, ce qui paraîtra difficile aux gens qui ont beaucoup souffert, mais ce qu’il faut bien tolérer dans un roman, par amour du merveilleux ». Après l’autobiographie complaisante, vient le regard critique et la déconstruction, qui annonce le romancier à venir. La page de titre Novembre porte le sous-titre : « fragments de style quelconque », et la date 1842, et l’épigraphe : « pour… niaiser et fantastiquer » (Montaigne). La dernière page porte la date : « 25 octobre 1842 ». Le manuscrit est rédigé à l’encre noire sur 96 feuillets de papier vélin écrits recto et verso et chiffrés 1-96. Les ff. 34-43 portent une ancienne numérotation 1-10. Le manuscrit est entièrement et très abondamment raturé et corrigé et comporte 2083 mots ou passages biffés corrigés ou ajoutés. Outre des ratures faites manifestement au fil de l’écriture, d’autres relèvent d’une révision lors d’une relecture. Le premier feuillet semble avoir été refait. Des paragraphes entiers sont biffés et cernés d’un trait de plume pour bien marquer leur suppression (nous renvoyons au tome I des Œuvres complètes de la Bibliothèque de la Pléiade, consacré aux Œuvres de jeunesse). Ainsi (f. 3, après l
Mes ordres d'achat
Informations sur la vente
Conditions de vente
Retourner au catalogue