JOUHANDEAU Marcel (1888-1979).

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JOUHANDEAU Marcel (1888-1979).
Environ 400 L.A.S. « Marcel » ou « Marcel J. », 1948- 1968, à Robert COQUET et Henri RODE, un MANUSCRIT autographe, et environ 180 documents joints ; en tout plus de 580 lettres et documents, avec de nombreuses enveloppes, réunis en 17 classeurs in-4 Importante correspondance amoureuse, et précieux témoignage sur la grande passion de la vie de Jouhandeau. Au travers de cet important ensemble, se lit la relation intime entre Marcel Jouhandeau et Robert COQUET (1928-1998), un séduisant jeune militaire rencontré dans le train d’Avignon en avril 1948. De cette rencontre, naît une passion amoureuse d’une dizaine d’années entre l’écrivain établi, âgé de 60 ans, et le jeune homme de 20 ans. L’écrivain et poète Henri RODE (1917-2004) va tenir un rôle de confident auprès des deux amants. C’est Henri Rode qui provoqua en 1948 la rencontre de son ami/amant Robert Coquet et de Jouhandeau. « Henri connaissait parfaitement bien les goûts de Marcel. Il savait donc que Robert plairait à Marcel. Rode, jetant Robert dans les bras de Marcel afin de lui faire plaisir, se sacrifiait pour Marcel mais récupérait par là même sa liberté. Jamais cependant la complicité d’Henri et de Robert ne fut rompue. Toujours ils se complétèrent : Robert dans le lit de Marcel et Henri pour écrire, corriger et taper les textes de Marcel, les enrichir même ou les préparer et les initier. La relation entre Henri et Robert resta très pure ensuite et timbrée du sceau de la connivence après le partage initial de leur moi intérieur » (Didier Mansuy). La passion pour Robert Coquet inspira deux livres à Marcel Jouhandeau : L’École des garçons (1953) et Du Pur Amour (1955), où il reprend plusieurs lettres reçues de Robert (elles étaient en fait l’œuvre d’Henri, Robert se contentant de les recopier). Dans cette correspondance, Marcel Jouhandeau fait état de ses sentiments enflammés pour le jeune Robert, mais aussi de ses peines. En effet, le romancier fut souvent éprouvé par la réserve et le détachement de son amant. Il évoque aussi leurs ébats érotiques, dans l’appartement de Rode, où ils se retrouvent. 68 lettres ardentes sont adressées à Robert Coquet : « tu m’as donné la fleur de tes 20 ans et 3 années de bonheur, parce que pour moi le bonheur c’est la pureté »… Nous n’en citerons qu’une lettre (24 avril 1951), au « lendemain de notre plus beau soir » : « Mon amour, Si tu savais ce que me sont tes lettres, tu serais bien récompensé de ta peine. Ah ! mon enfant, j’ai été si heureux hier que je me suis cru guéri. L’approche de ton jeune corps m’avait brûlé magnifiquement. Je ne croyais plus être par un bel après-midi, au moment qu’un bourdon velu au cœur d’une rose et puis bientôt une pivoine déflorée par un grand paon nacré. Non, rien ne m’échappe de tes allusions écrites qui traduisent à peu près ce que j’éprouve de mon côté, mais ressenti par toi du tien. Par exemple, quand tu parles de ce rayonnement de chaleur qui se propage dans tes membres, quand je te regarde, je l’avais deviné dimanche matin. La merveille, c’est la discrétion dont nous nous entourons l’un et l’autre. Pas une fois tu ne m’as laissé supposer que tu t’en gorgeais de mon regard, tes paupières obstinément baissées, mais je le savais, averti par un Ange. Et Dieu sait que pour ma part ce n’était que rarement que j’osais te prendre dans mes yeux. Mais chaque fois, juste au moment où tu mettais dans le mille, où la houle de l’adversaire était foudroyée par ton jet impérial. Non, tu ne peux pas savoir toute la sécurité majestueuse de ton geste mâle qui me soumettait ébloui à ta Loi »… Et sur la dernière page, Jouhandeau dessine l’« ostensoir de notre amour », portant au centre ces mots : « Je t’adore, en toi comme au Paradis pour l’Éternité installée, et TOI en moi ». 431 lettres sont adressées à Henri Rode, qui sont comme un commentaire de la passion pour Robert : « Mon Henri, vous qui nous connaissez l’un et l’autre, seul, vous devinez à quel point les rivages que nous abordons, Robert et moi, sont merveilleux, merveilleux et pour lui et pour moi. Maintenant l’intimité entre nous est complète, l’abandon sans réserve, l’unité consommée »… En parallèle, Jouhandeau va donner des conseils d’écriture à Rode : « la règle unique et constante pour bien écrire c’est de ne pas écrire », il faut se débarrasser de « tout mot inutile, tout ce qui n’est pas essentiel et propre ». Il va également lui apporter un soutien financier en échange de relectures et de corrections de ses manuscrits. Nous n’en citerons qu’une lettre (20 octobre 1948) : « Henri, Je ne sais ce qui se passe en moi, quand je quitte R. Une mélancolie indicible me prend, une sorte de goût, d’impatience de mourir. Est-ce parce que notre passion est sans issue, bien que la plus heureuse ? Est-ce justement le bonheur, après l’avoir connu, parce qu’il est au-delà de ce qu’on peut souhaiter humainement, qui se paie de ce désenchantement infini, cruel. Peut-être je me meurs de m’éloigner de lui, de ne pouvoir le
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