voltaire (1694-1778). - Lot 145

Lot 145
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voltaire (1694-1778). - Lot 145
voltaire (1694-1778). L.S. « V », Ferney 27 septembre 1769, à Nicolas-Sébastien de CHAMFORT ; écrite par son secrétaire JeanLouis Wagnière ; 2 pages et demie in-4, adresse à « Monsieur Renard, Libraire au palais pour faire tenir s.l.p. à Monsieur de Champfort » (fentes réparées, petite déchirure par bris de cachet sans toucher le texte)). Intéressante lettre à Chamfort sur Molière et Shakespeare, à propos de l’Éloge de Molière de Chamfort, couronné par l’Académie française. « Tout ce que vous dites, Monsieur, de l’admirable Molière, et la maniere dont vous le dites, sont dignes de lui et du beau siècle où il a vécu. Vous avez fait sentir bien adroitement l’absurde injustice dont usèrent envers ce philosophe du théatre des personnes qui jouaient sur un théatre plus respecté. Vous avez passé habilement sur l’obstination avec laquelle un débauché refusa la sépulture à un sage. L’archeveque Chamvalon mourut depuis, comme vous savez, à Conflans, de la mort des bienheureux sur Made de Lesdiguiere, et il fut enterré pompeusement au son de toutes les cloches, avec toutes les belles cérémonies qui conduisent infailliblement l’ame d’un archevêque dans l’Empirée. Mais Louis 14 avait eu bien de la peine à empêcher que celui qui était supérieur à Plaute et à Terence ne fut jetté à la voirie. C’était le dessein de l’archevêque et des dames de la halle, qui n’étaient pas philosophes. Les anglais nous avaient donné cent ans auparavant un autre exemple ; ils avaient érigé dans la cathédrale de Strafort, un monument magnifique à Shakespear, qui pourtant n’est guères comparable à Moliere, ni pour l’art ni pour les mœurs. Vous n’ignorez pas qu’on vient d’établir une espèce de jeux séculaires en l’honneur de Shakespear en Angleterre. Ils viennent d’être célébrés avec une extrême magnificence. Il y a eu, dit-on, des tables pour mille personnes. Les dépenses qu’on a faittes pour cette fête enrichiraient tout le parnasse français. Il me semble que le génie n’est pas encouragé en France avec une telle profusion. J’ai vu même quelquefois de petites persécutions être chez les français la seule récompense de ceux qui les ont éclairés. Une chose qui m’a toujours réjouï, c’est qu’on m’a assuré que Martin Fréron avait beaucoup plus gagné avec son âne Littéraire, que Corneille avec le Cid et Cinna ; mais aussi ce n’est pas chez les Français que la chose est arrivée, c’est chez les Welches. Il s’en faut bien, Monsieur, que vous soyez welche ; vous êtes un des français les plus aimables, et j’espère que vous ferez de plus en plus honneur à votre patrie »... Correspondance (Pléiade), t. IX, p. 1112.
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