ZOLA Émile (1840-1902).

Lot 149
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Estimation :
100000 - 120000 EUR
ZOLA Émile (1840-1902).
200 L.A. (quelques-unes signées ou paraphées et 3 télégrammes), 1892-1902, à Jeanne ROZEROT ; 362 pages in-8 ou in-12, plus 2 photos et 53 enveloppes, le tout monté sur onglets sur des feuillets de papier vélin, et relié en 2 forts volumes in-4 (28 x 22 cm) demi-maroquin bleu à coins ; initiales E. Z. – J. R. dorées en haut à gauche des plats ; dos lisses, titres dorés.  Magnifique et tendre correspondance de Zola à Jeanne Rozerot, sa maîtresse et la mère de ses enfants. C’est véritablement une deuxième vie qui commence lorsque Zola fait, en mai 1888, la connaissance de Jeanne Rozerot. Celle-ci vient d’être engagée comme femme de chambre et lingère dans la maison des Zola à Médan. Lui approche de la cinquantaine, il a quasiment achevé le cycle des Rougon-Macquart. Le succès et la gloire littéraire lui sont acquis, mais il éprouve dans sa vie personnelle un profond sentiment d’insatisfaction. Il vit depuis 1864 avec Alexandrine, qu’il a épousée en 1870. À l’usure du temps s’ajoute le fait que celle-ci n’a pu lui donner les enfants qu’il désirait. Dans ces circonstances, la rencontre de Jeanne Rozerot va constituer le miracle qu’il attendait. Celle-ci est âgée de 21 ans. Elle est née en 1867 dans un petit village de Bourgogne, fille d’un ouvrier agricole. En 1882, en compagnie de sa sœur, elle est venue tenter sa chance dans la banlieue parisienne. C’est une très belle jeune femme brune, gracieuse, élancée. Zola s’est à l’évidence inspiré de sa silhouette pour la Benedetta de Rome : « la face ronde, les lèvres un peu fortes, le nez très fin, des traits d’une délicatesse d’enfance », « avec ses cheveux si lourds, et si bruns, sa peau si blanche, d’une blancheur d’ivoire ». Jeanne se donne à lui le 11 décembre 1888 ; cet anniversaire est évoqué dans une lettre de 1898 : « Comme je vais être triste dimanche prochain, 11 décembre, de ne pas me trouver auprès de toi pour t’embrasser au moins de tout mon cœur, en souvenir du 11 décembre 1888 ! […] Je t’embrasse de tout mon cœur, de tout mon amour, comme il y a dix ans, lorsque, pour la première fois, tu as été ma femme choisie et adorée ».. Car la passion d’Émile pour Jeanne ne ressemble en rien aux amours ancillaires Dans toute cette correspondance, le romancier l’appelle immanquablement « chère femme », « chère femme bien-aimée » ou « chère femme adorée ». Le romancier aime Jeanne d’un amour conjugal. Celle-ci lui donne une première fille, Denise, en 1889, suivie d’un fils, Jacques, deux ans plus tard. Dès lors se met en place la double existence du romancier. Il installe Jeanne et son enfant à Cheverchemont, à deux pas de Médan, d’où il peut les observer à l’aide d’une longue-vue. Très vite, ses intimes sont dans le secret. Zola, qui a trouvé le bonheur, ne peut cependant se résoudre à quitter Alexandrine, à qui l’unissent tant d’années d’épreuves partagées. Cette dernière ignore tout de la vie secrète de son mari jusqu’à ce qu’une lettre anonyme, en novembre 1891, ne lui apprenne la vérité. Elle entre alors dans une crise terrible et se rend au domicile de Jeanne où elle dérobe, puis détruit, toutes les lettres que le romancier avait adressées à sa maîtresse. La présente correspondance s’ouvre par une lettre du 28 juillet 1892, les lettres précédentes ayant disparu du fait de la fureur d’Alexandrine. Il semble que Zola ait redouté un geste de fureur violente et véritablement craint pour la vie de Jeanne et de ses enfants à cette époque. En 1893, nouvelle crise à l’occasion de la parution du Docteur Pascal, où, sous couvert de fiction, le romancier transpose sa liaison en plein jour, avec la femme jeune qui se donne, et qui enfante… Mais une fois de plus le divorce est évité et Alexandrine se résigne tant bien que mal à partager avec Jeanne l’amour de son mari, en faisant de longs séjours en Italie. Ces tensions expliquent le caractère de secret qui entoure cette correspondance. La première lettre est adressée sous un nom de code à « Madame E. J. 70 », poste restante. Lui-même est « Monsieur Z. R. 70 ». Pour éviter toute indiscrétion, c’est souvent un tiers qui est chargé de transmettre les lettres, le romancier Henry Céard, puis l’éditeur Georges Charpentier. Les premières lettres sont écrites à la hâte au crayon, pour échapper à la surveillance d’Alexandrine ; pour les mêmes raisons, il laisse beaucoup de ses lettres sans signature, ou appose un vague paraphe en forme de Z. À côté des lettres hâtives, nombre de lettres, beaucoup plus longues, sont rédigées lorsqu’il est seul. Les premières trahissent l’urgence, le besoin pressant de donner de ses nouvelles de rejoindre par la pensée sa seconde famille ; Zola se révèle alors d’une sensibilité touchante. Il redevient un adolescent amoureux, passant avec émotion devant les fenêtres de son aimée. Il est aussi plein de tendresse et d’attention pour ses enfants. « J’espère que vous avez du bon temps et que petite Denise continue à prendre ses bains, pendant que petit Jacques marche à quatre patte
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