MERMOZ Jean (1901-1936) aviateur.

Lot 188
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MERMOZ Jean (1901-1936) aviateur.
Manuscrit autographe, L’École, [vers 1927-1928] ; 16 pages et quart in-4 avec ratures et corrections (petite trace de rouille au 1er f., lég. fente marg. au dernier). Texte autobiographique racontant son apprentissage de pilote à l’École d’aviation militaire d’Istres en 1920. L’arrivée à Istres. « Un soir d’Octobre de l’année 1920, je posais le pied pour la première fois sur le sol de Provence et cela sans hésitation aucune : je me sentais l’âme d’un conquérant et de fait, mon affectation d’élève-pilote à l’École d’Aviation d’Istres me donnait suffisamment d’importance, à mes yeux, pour qu’il en fût ainsi ». Il arrive de nuit par le train, rencontre à la gare deux autres militaires. Tous trois se dirigent à pied dans la nuit vers le camp d’aviation, dans le mistral : « Et puis ce fut la Crau, une sorte de désert gémissant sous le vent, peuplé d’oliviers et de pins rabougris se découpant en noirs squelettes sur l’horizon grisâtre. Nous ne disions rien, courbés sous les rafales, sautant les ornières de la route défoncée et interminable ». Arrivés au camp, ils doivent partager les paillasses des autres soldats déjà endormis : « Je rêvai longtemps de spirales, d’hélices calées, de looping et de vrilles sur un avion idéal dont j’étais le merveilleux pilote. Ce fut ma première nuit aéronautique ». Installation. Le lendemain, il est affecté à une chambrée. « On me remit deux tenues réglementaires, deux vestes et deux pantalons de toile bleue rapiécés, une paire de godillots datant au moins de 1913 ou 14 mais c’est avec un véritable bonheur que je me vis remettre le casque de cuir, les lunettes, les gants fourrés et la combinaison de vol. Un peu plus tard, ma joie fut complète quand je reçus l’insigne d’élève en argent. Je commençais seulement à croire que maintenant je prenais définitivement un rang dans l’aviation et ne désespérais plus de devenir un as ! » Discours du commandant Voisin : « C’était un vieux de l’aviation, pilote à son déclin mais d’un cran inouï et qui donnait l’exemple en continuant à voler chaque jour à 52 ans. Il devait mourir en véritable apôtre deux ans après d’une chute de cinquante mètres en vrille. Suicide…murmura-t-on ? Faute de pilotage probablement à un âge où les réflexes sont sensiblement affaiblis ». Puis l’adjudant-chef Costa, « Corse féroce et rageur », fait un rappel à l’ordre sur les tenues... « Je m’endormis ce soir-là impatient du lendemain qui devait nécessairement être pour moi une révélation, prêt à la lutte mais confiant dans l’avenir ». Ma première leçon. Réveil au clairon à 6 heures, corvée de « jus » et de nettoyage de la “carrée” ; « un nouveau coup de clairon nous réunit en rangs dans la cour casques et lunettes sous le bras. L’appel terminé, nous nous acheminâmes vers la piste. Mon cœur battait à petits coups rapides. J’allais enfin prendre mon premier contact avec le “zinc” ! L’angoisse que tout apprenti-pilote ressent à ses débuts. On m’affecta à une équipe, à un moniteur. Les Caudron G.3 encastrés les uns dans les autres semblaient des oiseaux au repos. Un à un nous les amenions sur la piste et bientôt ce fût le ronronnement des moteurs au ralenti puis leur chanson joyeuse et trépidante alors qu’ils tournent à plein gaz, les craquements de l’empennage des avions prêts à bondir arrêtés dans l’élan par les cales, puis leurs bonds légers alors que libérés ils prenaient enfin leur essor, avides d’espace de lumière et d’infini ! Immobile, je contemplais sans me lasser de ce superbe lâcher et me grisais lentement de cette odeur d’huile et d’essence brûlée que depuis je n’ai jamais cessé de humer avec délices sur tous les terrains d’aviation que j’ai hantés ». Mais le rêve est interrompu par l’ordre de prendre une pelle et un balai pour nettoyer les taches d’huile dans le hangar. « De temps en temps las de cette tâche ingrate, je regardais avec un œil d’envie les avions se poser, repartir, se reposer à nouveau, des élèves aux têtes casquées prendre place successivement dans la carlingue, si bien que profitant d’un moment d’inattention du caporal-mécanicien qui m’avait interpellé précédemment, je m’emparai de mon casque et filai à toutes jambes vers la piste ». Il réussit à monter dans un avion avec un moniteur : « Je saisis le manche, mis les gaz. Pendant que je m’occupais des pieds à maintenir l’appareil dans la direction de départ, je poussai sur le manche pour faire lever la queue comme il m’avait été indiqué. Tout allait bien, l’avion roulait au sol vite et bien, queue haute, alors d’un seul mouvement j’amenai le manche à moi. L’appareil arraché littéralement du sol se cabra, grimpa le nez au ciel. Je perçus les cris du moniteur qui hurlait des noms d’animaux. D’un mouvement non moins ample, je poussai aussitôt sur le manche ce qui eut pour effet de faire piquer l’appareil à toute allure vers le sol et de faire redoubler d’intensité le crescendo des invectives de mon moniteur », qui réussit à faire un atterrissage forcé sur les cailloux de la Crau. Après une
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