MERMOZ Jean (1901-1936) aviateur.

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MERMOZ Jean (1901-1936) aviateur.
MANUSCRIT autographe, L’aviation populaire, [octobre 1936] ; 3 pages in-4 avec ratures et corrections. Article politique en faveur d’une aviation populaire pour la jeunesse, non inféodée au Front Populaire. Il a été publié dans Le Flambeau, le journal du Parti Social Français, le 10 octobre 1936. « Depuis trop longtemps, l’idée de l’aviation populaire aurait dû naître dans les esprits et devrait être réalisée complètement aujourd’hui. Elle aurait dû commencer à vivre et se développer, non pas sous un signe politique, mais sous celui d’une compréhension audacieuse des aspirations de la jeunesse moderne élargie dans un sens d’esprit sportif et d’éducation sociale », comme ce fut le cas en Allemagne et en Russie. « Depuis la création du Ministère de l’Air, personne ne s’en était inquiété jusqu’au jour où M. Marcel Déat, Ministre de l’Air eût avec Wibault et Massenet l’idée de créer un Conseil National des Jeunesses Aériennes où toutes les grandes organisations sociales et les associations de jeunes y seraient représentées sans distinction de nuances politiques. Ce conseil devait être chargé de grouper dans un idéal aéronautique commun tous les jeunes gens sans distinction de classes ou d’opinions, d’encourager, de conseiller et d’aider toutes les formations nouvelles de clubs populaires, de répartir équitablement les subventions officielles de l’aviation privée, jusqu’ici réservées à la classe unique des gens qui pouvaient s’offrir le luxe que présentent l’achat et l’entretien d’un avion de tourisme. Ce mouvement des jeunesses aériennes avait pour but de donner impartialement aux jeunes les possibilités de voler avec l’appui de tous les partis politiques ». L’État et l’organisme devait respecter une « neutralité absolue », en assurant les moyens techniques, la sécurité, la coordination des activités, etc. Deux réunions eurent lieu, rassemblant de nombreuses organisations dont Mermoz dresse la liste. « Puis, ce furent les élections, le départ de Marcel Déat du Ministère de l’Air, l’abandon total et immédiat du projet et enfin la création de l’Aviation populaire au seul profit du Front populaire. Le terrain d’aviation qui devait devenir le terrain de neutralité politique, de réconciliation sociale des jeunes gens ayant avant tout la foi aéronautique s’est transformé pour les besoins d’une politique en un champ de manœuvres où l’action pure, collective de toutes les classes de la jeunesse française se trouve divisée une fois de plus en deux camps politiques ». Et Mermoz dénonce l’inféodation du conseil de l’Aviation populaire à la politique du Front populaire. « La Fédération Aéronautique de France existait. Sous son égide auraient pu se grouper tous les clubs existants ou en formation. Mais elle représentait trop l’aviation de tourisme “insuffisamment républicaine” – en agissant comme le firent trop souvent les organismes aéronautiques semi-officiels, il fut presque décidé de la supprimer et de tuer ainsi d’un seul coup l’aviation privée privilège des “riches”. Dans la nouvelle organisation de l’Aviation populaire, on a fini par la tolérer, une autre Fédération s’est créée aussitôt, politiquement prépondérante, avec comme base de départ la Fédération de l’Aile Tendue des Jeunesses communistes et socialistes : la Fédération Populaire des Sports Aéronautiques. – Deux Fédérations, deux classes, deux jeunesses… Il n’y a qu’une jeunesse : celle qui aspire à vivre dans un air débarrassé des miasmes politiques, à y voler en paix, à s’évader, même pour quelques minutes d’un sol où il retrouve les misères matérielles et morales de la vie quotidienne. Il faut que le terrain d’aviation soit le lieu idéal où une jeunesse qui connaît l’aisance d’une vie facile apprenne à connaître, à comprendre et à aimer celle qui mène une existence laborieuse et dure, où l’esprit de sacrifice collectif, l’esprit de partage d’un superflu inutile, dominent l’esprit d’intérêt personnel, de jouissance égoïste, où tous les caractères puissent se fondre dans un même esprit de justice sociale, où la sélection des valeurs se fasse sans heurts de classe, où l’esprit de haine que l’on a chercher à développer pour mieux en exploiter les effets soit banni irrévocablement. La possibilité… Le droit de voler pour tous… sur le même plan que le droit au travail, tel doit être le but de l’Aviation populaire. Mais la volonté d’agir dans ce sens ne doit pas faire perdre de vue le but moral essentiel : créer une génération de l’Air dont chaque élément jeune soit uni à l’autre par un sentiment de fraternité, libérée de toutes les influences d’opinions divergentes, et cristallisant ses aspirations dans une action commune placée sous le signe de l’“esprit d’escadrille” social ». C’est ce que fera le Parti Social Français... Provenance : archives MERMOZ (vente Artcurial 11 octobre 2008, M111).
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