MONET CLAUDE (1840 - 1926)

Lot 221
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MONET CLAUDE (1840 - 1926)
L.A.S. «Claude», Londres 7 mars 1901, à SA FEMME ALICE ; 8 pages in-8 à en-tête du Savoy Hotel. Embankment Gardens. Très belle et longue lettre à sa femme, sur son travail à Londres aux vues de la Tamise. Il s'inquiète pour sa «pauvre femme chérie [...] Je ne vois donc que ceci prendre courage et patience pour attendre le résultat de ma démarche. Je suis très malheureux d'être ici seul ne te servant à rien, ne sachant rien, et ne pouvant chasser de mon esprit ces tristes pensées. Comment travailler fructueusement dans cet état, d'autant plus que depuis plusieurs jours le temps est atroce, variable et ne me dit rien, ce qui est une double torture pour moi. Il me faudrait pour m'y remettre avoir de meilleures nouvelles de la maison [...] Je m'accorde donc quelques jours pour prendre une résolution, à moins que tu n'aies besoin de moi de suite. J'ai reçu ce matin une gentille lettre de Michel [son fils] mais dont les projets d'acheter le quadricyle de Radimsky, me donne une vague inquiétude. Je ne veux pas l'empêcher de le faire, mais je ne sais pourquoi, j'ai plus que jamais peur de ces engins et regrette tout à fait l'achat de l'auto qui ne sera pour nous que sujet d'inquiétude et pour moi une perte de temps, car il faut être rentier pour s'occuper de cela et non absorbé comme moi à cette passion de l'Art». Il lui adresse quand même un chèque de 200 F : «comme je n'ai pas l'esprit à lui écrire aujourd'hui, je compte sur toi ma chérie pour lui recommander la prudence. Il voudra faire l'impossible pour venir souvent à la maison, et un accident pourrait lui arriver sans compter les pannes qui le mettraient en retard [...] dis lui toutes mes apré­hensions. Je sais que dans l'état d'esprit où je suis, on juge les choses sous un jour triste, quoique depuis longtemps déjà quelque chose me dit que j'ai fait une bêtise d'acheter l'auto»... Monet reprend sa lettre à 2 h. «Je me suis interrompu en voyant le temps devenir meilleur et j'ai essayé tout de même de travailler un peu, mon inaction loin de toi ne servant à rien, mais suis si mal en train cepen­dant qu'i me [faut] à moi aussi un certain courage pour peindre avec les pensées qui m'obsèdent. [...] Je vais essayer de prendre le dessus en travaillant. Il faut avoir chacun de la patience»... Il a écrit à Michel : «J'espère qu'il comprendra mes craintes et mes recommandations et compte néanmoins sur toi pour lui bien faire comprendre ce qu'elles ont de fondées. Nous n'avons pas besoin de nouvelles inquiétudes. Merci d'avoir pu faire l'envoi du tableau à Pottier, c'est un débarras. Je t'envoie toutes mes tendresses, toutes mes pensées, et chaque instant et t'assure que je partage tout ce que tu éprouves. Embrasse Jean-Pierre, Germain et Marthe, elles savent combien je les aime, malgré mon vieil air bougon et aussi cet amour que je ne cesse d'avoir pour cette damnée peinture. Je n'oublie pas les petits non plus Butler. Mille baisers ma femme chérie et du courage. Ton vieux Claude. Je ne demande qu'une chose, c'est de me dire ce qui se passe, si c'est bon je reprendrai courage, si ce ne l'est pas fais un signe et je viens. Je regrette tant de ne l'avoir pas fait il y a quelques jours».
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